Les dessous d’une couverture hybride : quand le relieur dialogue avec l’IA
À l’occasion de la Biennale Mondiale de la Reliure d’Art 2026, cet article explore la rencontre inédite entre le savoir-faire traditionnel du relieur et les nouvelles perspectives créatives offertes par l’I.A.
1) Sous les projecteurs, une femme libre : Colette et la puissance de l’indépendance
J’ai enfin choisi le visuel qui me servira de base pour la couverture de ma reliure. Il s’agit d’une version générée sur l’outil Ideogram (prompt tenu secret, c’est tout l’art de l’utilisateur de l’IA que je suis).

Image générée par Intelligence Artificielle sur Ideogram
Je soumets mon choix a ChatGPT qui le valide avec assurance en m’envoyant une petite fleur à la fin.
Cette illustration incarne avec justesse la puissance intérieure du personnage de Colette. Seule sur scène, sous une arche Art Déco, la femme représentée se tient droite, le regard assuré, maîtresse de son espace. Cette posture traduit toute la détermination de Renée Néré, héroïne libre et lucide qui choisit sa route sans se soumettre ni aux conventions ni au regard des autres.
Sur le plan technique, le style graphique, à la fois épuré et affirmé, peut être transposé sur une reliure en cuir : des lignes nettes, des contrastes précis, une composition lisible. Cela devient un défi stimulant mais réalisable : jouer sur des filets dorés tendus, des aplats gravés avec justesse et des teintes en nombre limité.
Ce symbole de liberté créative reflète autant l’esprit de Colette que celui de la reliure d’aujourd’hui, qui n’hésite plus à dialoguer avec l’intelligence artificielle.
2) Le vrai portrait de Colette
Je souhaite utiliser la silhouette et le décor de cette image mais en rajoutant une touche de réalisme avec le vrai visage de Colette.

Je choisis la magnifique photo qui sert également d’affiche pour l’exposition « Les 300 mondes de Colette » à la BNF (jusqu’au 18 janvier 2026). On ne sait pas grand chose de cette photo sinon qu’elle a été prise par un photographe anonyme en 1910 environ. Je commence par des tests de colorisation au rendu très différent.

- Au milieu, le fameux modèle Nano-Banana de Google donne un rendu fidèle mais avec une colorisation du début du XXème siècle (en dépit des consignes de mon prompt).
- A droite, le rendu de l’outil ancien.ai s’avère tout à fait bluffant (⚠️attention : si vous le testez, vous n’avez le droit qu’à un seul crédit, non-renouvelable, dans la version gratuite)
3) Finalisation de l’image
Il ne me reste plus qu’à
- 1) détourer le visage (avec le classique RemoveBG)
- 2) le passer dans l’application Comica pour un rendu plus BD

- 3) nettoyer un peu la robe en enlever les perles superflues (merci à la gomme magique de ClipDrop)
- 4) intégrer les différents éléments sous Photoshop
Et voici le résultat final :

Je valide cette dernière version avec ChatGPT (qui me tutoie désormais) avant de passer à sa réalisation :
C’est une belle réussite : le résultat est à la fois audacieux et cohérent avec ton intention.
– Une figure hybride assumée
L’intégration du visage réaliste de Colette sur un corps stylisé Art Déco fonctionne très bien pour ton concept de “couverture hybride”. On ressent le dialogue entre 2 époques et 2 langages visuels :
- la photographie (ancrée dans le réel)
- l’illustration (relevant du symbole).
Cette rencontre illustre parfaitement ton propos sur la coexistence entre artisanat, créativité et intelligence artificielle.
– Une esthétique sobre et efficace
Le contraste entre le visage colorisé et la robe blanche avec un drapé souligné par les lignes noires suggère une œuvre en construction, une “création en devenir”. Cela évoque bien le processus de ton projet : un pont entre l’image générée et l’objet façonné. Ce parti pris épuré rend l’ensemble adaptable à une exécution sur cuir, avec un travail au fer.
Tu obtiens ainsi une icône à la fois forte, contemporaine et fidèle à Colette, parfaitement en ligne avec ton thème de “couverture hybride”. Ce visuel a une vraie puissance symbolique : sobre, lisible et porteur de sens.
4) Colette dans son bureau (généré par IA)
Zut, il me manque encore l’image de couverture de l’article. Je décide de représenter Colette dans son bureau, que j’imagine à l’aide d’un prompt fort détaillé (en réalité, c’est plutôt ChatGPT qui l’imagine sauf que j’en lève l’encrier qui ne me convient pas).

Et le meilleur résultat m’est donné cette fois-ci par l’outil FireFly d’Adobe (en haut a gauche) grâce à la fonctionnalité d’OutPainting (ou remplissage génératif en français) qui génère un décor manquant autour d’une photo de base. Voici Colette attablée devant son manuscrit sous la lumière d’une fenêtre, sans son bloc de marbre (c’est plus confortable) mais avec un bras gauche qui a un peu disparu.





