« Fête des arbres et du chasseur » de René CHAR (1907-1988) Nov 1948
En 1948 René Char écrit et publie beaucoup.
La « Fête des arbres et du chasseur » a été écrite à la demande d’émigrés catalans, camarades de maquis de René Char qui ne pouvaient retourner en Espagne à cause du franquisme.
De fait, ils voulaient chanter un texte dans la forêt.
Au delà des vibrations de ces arpèges de mots, en ligne de mire (selon Paul Veyne d’accord avec René Char), il y a une parade d’allégories : chasseur/poète, arbre/poésie, cyprès/idée etc.
Du reste, le livre « Les Matinaux » (Gallimard 1950) regroupe tous les poèmes écrits par René Char de 1947 à 1949 dont « La fête des arbres et des chasseurs ».
I) – La reliure de la « Fête des arbre et du chasseur »
Ce plein cuir (oasis) jaune a été mosaïqué à l’aide de 66 losanges de même taille, complets ou coupés.
Ces losanges alignés obliquement sur 16 lignes et 5 rangs, font un angle de -13° avec l’horizontale.
Ils sont de quatre couleurs :rouge, vert, marron et bleu avec en plus un losange or et un losange argent pour Illuminer cette « Fête des arbres et du chasseur ».
En outre, le dos de la chemise reproduit à l’identique le dos du livre.
Étui, livre et chemise puis ensemble final.
De plus, les gardes sont en curieux papier cuve.
Enfin la tranchefile chapiteau bicolore jaune et verte s’harmonise avec le tout.
II) – Le livre « Fête des arbre et du chasseur »
Édition originale de ce livre paru en novembre 1948 par Guy Lévis Mano.
Un des 630 exemplaires sur vélin du Renage après après 20 sur Hollande van Gelder.
III) – Unicité et personnification du livre
René Char me dédicaça ce livre, pour mes 4 jours….en tant que parrain.
Dédicace manuscrite à l’encre verte.
On retrouve l’allégorie arbre/poète.
En outre, il est truffé (truffer un livre consiste, au moment de la reliure à lui adjoindre des documents des documents liés au livre, à l’auteur, à l’illustrateur ou au dédicataire)
–Premièrement, du pneumatique, que René Char m’a envoyé le lendemain de ma naissance,
–Deuxièmement, du poème manuscrit, sur un très beau papier « oignon » extrait du livre
Alors, ce fût le début d’un fardeau très lourd à porter, car désormais : « j’étais le filleul de René Char ».
Voilà une reliure de belle obédience. La »subjectivité d’arlequin » des hommes mise en rhombes précieux et multicolores.
Qu’en termes délicats ces choses là sont dites.
Cette collection « René Char » est tout simplement ébouriffante.
Sans doute avez-vous prévu également un espace « Albert Camus » ?
Non car René Char m’était un peu proche tandis qu’Albert Camus m’est totalement étranger …
A vrai dire, je ne sais si je dois prendre votre réponse au premier ou au deuxième degré (voire au dixième degré ! compte tenu de la teneur de certains commentaires de ce blog !!!).
Lorsque vous dites que Camus vous est « totalement étranger », voulez-vous dire qu’il vous est étranger comme Hugo pourrait l’être ?! Simplement, je voulais savoir si vous aviez déjà relié des ouvrages de Camus… (j’espère que mon propos est assez clair ! 🙂
C’était bien du premier degré.
Pourquoi les obliques et le choix des degrés ?
C’est de la reliure automatique.
Tiens, c’est amusant. Je réfléchis actuellement sur la méthode à adopter pour relier une correspondance.
Je ne connaissais pas ce terme de « truffage » en reliure.
Je ne comprends pas bien la dernière photographie : on peut donc « extraire » (enlever) le poème manuscrit de son encadrement ? Il n’est pas « collé » à l’intérieur du cadre (avec du filmoplast) ?
Juste un filet de colle blanche en bas à gauche
Illustre parrain, illustre filleul !
Allons donc, vous saviez lire à 4 jours ? C’est épatant !
Ce poème était chanté par des émigrés espagnols, a-t-on idée de la mélodie chantée ?
C’est facile de se moquer d’un infirme…