Ces deux livres, cahiers de la quinzaine sur Whatman, semblent être similaires et pourtant, ils n’ont pas du tout la même valeur, ni financière, ni sentimentale.
Certes, ce sont tous les deux des plein-cuirs noirs avec grands caissons sur les plats et fleurons identiques en coins, dorés à la feuille, et pourtant….
Certes, les deux boites des livres, doublées en peau sciée marron, sont pareilles, et pourtant….
Certes, les titres à la chinoise réalisés par Mlle Drilhon, doreuse sur cuir à Versailles, paraissent identiques, et pourtant….
Certes, les têtes sont dorées sur témoins (c’est à dire que, ici, Mr Gaillet, doreur sur tranche à Paris a encarté des bandes de papier pour combler les espaces entre les extrémités des feuilles du livre dues aux marges, avant d’appliquer des feuilles d’or) toutes les deux et les tranchefiles main, chapiteau et bicolores noire-blanche, sont des copies conformes, et pourtant….
Certes, les gardes en soie grise (moire), montées sur listels marrons pour les gardes contre plat, et collées simplement pour les gardes volantes, se ressemblent à s’y méprendre, et pourtant…..
Certes, les unes de couverture sont des copies conformes, et pourtant….
Certes, les justifications du tirage sont des sosies, et pourtant….
Bon ça commence à être un peu longuet !
D’accord. Alors passons aux destinataires des livres, c’est à dire ceux pour qui ils ont étés spécialement imprimés :
- L’un de ces livres est l’exemplaire de Mr René Salomé, écrivain pour le moins oublié aujourd’hui
- L’autre livre a appartenu au gérant des cahiers de la quinzaine qui est, comme vous pouvez le vérifier ci-dessus, M. Charles Péguy.
Ce livre appartenait donc à la bibliothèque de Charles Péguy. Émouvant et rare !
Déjà que le tirage sur Whatman est limité à 14 exemplaires mais, en plus, en avoir 2 dont celui du gérant : c’est l’une de mes fiertés de collectionneur.
Je possède 15% du tirage de ce livre, sur grands papiers et suis acheteur pour d’autres !
Beau suspense…